La Planète Six

La ziq des livres

de Nicolas Mathieu

Parce qu’il n’y a pas que dans les films ou des albums que l’on est amené à entendre de la musique, El Rozé nous propose une nouvelle session dédiée à la littérature. Après avoir exploré l’univers musical de Mathias Enard dans La boussole, il nous propose ici d’"écouter" un auteur à travers un livre adoubé par la critique et le public, Nicolas Mathieu.

Nicolas Mathieu, naît le 2 juin 1978 à Épinal et passe son enfance dans le quartier pavillonnaire populaire d’une commune limitrophe, Golbey.

A 14 ans, encouragé par plusieurs enseignantes, il décide de devenir écrivain. Une ambition qui se concrétise 22 ans plus tard avec la parution d’un premier roman, Aux animaux la guerre, récompensé par plusieurs prix et adapté à la télévision pour France 3. Puis, le 7 novembre 2018, c’est la consécration avec l’obtention du prix Goncourt pour son second roman, Leurs enfants après eux, traduit dans 19 langues et qui devrait à son tour faire l’objet d’une adaptation, sur le grand écran cette fois.

Dans ce dernier ouvrage, chaque partie est scandée par une chanson d’époque, de « Smells Like Teen Spirit » en 1992 à « I Will Survive » en 1998. « Ce sont des chansons qui font double sens, voire triple. Elles fixent l’époque, elles disent quelque chose de la partie qui s’annonce, et elles servent à montrer la grandeur des choses minuscules. C’est quelque chose qui m’est très cher, montrer par exemple que dans toutes les chansons d’Eros Ramazzotti il y a les grandes orgues. » expliquait-il au NouvelObs.
Johnny Halliday, Léonard Cohen, Cyndi LAuper, Dalida, Nirvana ou Eros Ramazzotti se croisent ainsi au fils des événements qui parsèment le parcours de plusieurs adolescents en proie à leurs premiers émois en même temps qu’aux mécanismes du déterminisme social dans la Lorraine sinistrée des années 1990.

Une session qui sent bon la nostalgie tout en évitant la régression et qui rappellera aux quadras de 2020 leurs années adolescentes, cette période si spéciale de l’existence où le changement hormonal décuple les sensations et conduit à considérer les premières histoires d’amour avec le même sérieux que les premières bastons, la conduite d’une mobylette aussi primordiale que le dépucelage, l’écoute de Nirvana aussi indispensable que son premier slow, où l’on décide si le monde sera no futur ou peace and love, sur fond de désindustrialisation en cours. Et nous rappelle que dans un mode en déliquescence, musique et littérature sont des bouées de sauvetage.