La Planète Six

Big Black Music 7 / 10

Les 00’s

La décennie qui ouvre le nouveau millénaire débute d’une étrange façon :

 d’abord le 11 septembre 2001, New-York est secouée par l’attaque terroriste la plus meurtrière jamais vue sur le continent américain. Les conséquences, innombrables et répercutées sur l’ensemble de la planète, se font toujours sentir près de 20 ans après les faits.

 En octobre de la même année, pour la première fois dans l’histoire du classement Hot 100 créée en 1958 par le magazine Billboard, les 10 premières places sont occupées par des artistes noirs. Le hip-hop, en se transformant en R&B, a perdu sa première syllabe : il fait désormais partie de la pop. Qu’il est loin le temps où les fans se sentaient adeptes de la contre culture en écoutant les Public Ennemy scander "Don’t believe the hype" ! Déjà en 1998, les français de NTM à l’apogée de leur popularité regardaient leurs débuts dans le rétroviseur : "A l’époque on faisait bloc, Tout le monde voulait tuer le rock, le vrai combat a toujours été là".

En 30 ans, le hip-hop semble avoir remporté la bataille. Ses graffeurs rentrent dans les galeries, ses dj animent les soirées de la bourgeoisie blanche, ses danseurs quittent les trottoirs pour monter sur les planches, son style vestimentaire s’invite dans la haute couture. Mais tout porte à croire qu’il s’agit là d’une victoire à la Pyrrhus. En envahissant les têtes de gondoles des supermarchés, le rap n’a-t-il pas vendu son âme au diable ?

Car les rappeurs sont désormais, ironie de l’histoire, des rockstars comme le proclame N.E.R.D sur fond de fusion rock et Hip-hop, imité en cela par les Roots et Cody Chestnutt. Alors pour s’éloigner du "business mainstream", certains tels Madvillain, Saul Williams ou Cunninlynguists n’ont d’autre choix que de pousser le hip-hop dans des paysages étranges, post-punk ou vaporeux, loin de sa zone de confort jazz-funk-soul. Les années 2000 sont donc tout autant la victoire des majors musicales sur un courant rebelle que l’expérimentation tout azimuts d’anciens ou de nouveaux combattants.

Mais cette décennie voit également l’émergence d’une certaine nostalgie de l’époque pré-11 septembre, au temps où le monde se divisait en 2 entités : les gentils américains contre les méchants russes. Désormais, chacun prend conscience qu’avec la fin de la guerre froide démarre une période où les cartes se brouillent, les repères s’effacent, les préjugés sont bousculés. Le label Daptone Records est le premier à sentir le besoin de revenir à quelque chose de connu, d’éprouvé, de familier.

Sa spécialité : dénicher des artistes inconnus du grand public mais possédant des années de pratique musicale et leur offrir des moyens d’enregistrements identiques à ceux utilisés dans les années 60 et 70 : artiste vocal soutenu par une solide rythmique entouréz de cuivres puissants, enregistrements sur bandes, ampli à lampes... Le succès de leur première signature, Sharon Jones, en entrainera bien d’autres dans son sillage.