Avec des dreadlocks
Pour comprendre l’histoire d’amour tourmentée entre l’Angleterre et la Jamaïque, celle qui conduisit des artistes tels que Toots and the Maytals et Bob Marley à venir enregistrer leurs albums à Londres avant de conquérir le monde, il faut sans doute remonter à ce jour de 1958 où un banal accident de voilier conduisit à changer le cours de l’histoire musicale mondiale ( n’ayons pas peur des mots ).
Grâce à son père, prospère commerçant anglais, et sa mère, issue de la haute bourgeoisie jamaïcaine, tout deux installés dans l’ancienne colonie Britannique, le jeune Chris Blackwell était à l’abri du besoin. Ainsi passait-il l’essentiel de son temps à vendre des jukebox, ce qui lui assurait un bon accueil dans tous les bars de l’île, et consacrait le reste en s’adonnant à sa passion pour la voile. Mais du jour où son bateau s’échoua sur un récif, le cours de sa vie prît un autre cap.
Épuisé par le retour effectué à la nage, il ne dut son salut qu’a des pêcheurs rastas habitants quelques huttes des alentours. Ces terribles types dont les longs cheveux emmêlés ne connaissaient pas le parfum du shampoing et dont le régime alimentaire végétarien feraient pousser des cris d’effroi à nos gouvernants d’aujourd’hui si quelque maire aventureux le proposait à nos écoliers, remirent d’aplomb le fils de bonne famille tout en l’initiant à leur culture.
Sitôt rentré dans la vaste propriété familiale, Chris Blackwell emprunta 10000$ à ses parents et fonda le label Island Record, bien décidé à faire connaître la richesse musicale de l’île au delà de ses rivages. Le reste appartient à l’histoire et il faudrait bien d’autres sessions pour le résumer, même brièvement.
Pour l’heure, retenons que c’est depuis Londres que nombre d’artistes jamaïcains ont entamé leur carrière internationale et transformé une musique folklorique en un véritable mouvement mondial. Et que les Brother Culture, Vibronics et autres Skarra Mucci peuvent remercier un certain producteur anglais pour ses piètres qualités de navigateur.