Dans la musique classique occidentale, les percussions ont longtemps été le maillon faible. Alors que les instruments à vent ou à cordes ont toujours bénéficiés d’une place de premier plan, tout ce qui se tape, se cogne, se percute représentait une forme de musique primaire tout juste bon à servir de "turquerie". Tout change au XXèm siècle avec l’arrivée de jeunes compositeurs désireux de renverser l’ordre établi.
Le 6 mai 1933, le Français Edgar Varese présente ainsi Ionisation écrite pour treize percussionnistes et trente-sept instruments dont deux sirènes. Qui sait ce que les toasters jamaïcains, qui ponctuent souvent leurs interventions par des bruits de sirènes doivent à Varese !
Trente ans plus tard, la radio de Hambourg commande à un autre Français, Maurice Ohana, un ballet pour la danseuse Dora Hoyer que son mari percussionniste accompagnait dans ses tournées. Ses Quatre Etudes chorégraphiques seront ensuite élargies à quatre percussionnistes et chorégraphiée dans cette version par Maurice Béjart.
Né au Maroc, Ohana cherchera toute sa vie à retrouver les sensations déclenchées par les improvisations des musiciens berbères qu’il écoutait enfant. Convaincu que l’oreille contemporaine a besoin de pouvoir s’évader loin de l’échelle diatonique, et attiré par les immenses possibilités expressives des peaux, par la richesse harmonique des métaux ou la qualité sonore des bois, il explore ce matériau sonore, qui tendra à devenir par la suite un élément essentiel de son univers musical.
A peu près à la même époque, le Tchèque Miloslav Kabeláč compose 8 inventions pour percussions . Timbales, xylophone, gong thaïlandais, vibraphone, tam-tams, grosse caisse et cloches mènent un dialogue animé où la méditation succède à l’emportement et qui se termine dans une diabolique allégresse.
Kabeláč deviendra par la suite l’un des portes-drapeaux de la musique électro-acoustique européenne.
Une nouvelle sélection signée El Rozé qui prouve une fois de plus que la musique classique est tout sauf ennuyeuse.