Luanda
Une population européenne qui émigre vers l’une de ses anciennes colonies tandis que des descendants de cette même colonie font vivre dans la capitale de l’ancienne puissance coloniale la culture de leur pays d’origine. Telle est la situation paradoxale que connaissent Lisbonne et Luanda à la fin des années 2000.
Fondée par les Portugais au XVIém siècle, Luanda est aujourd’hui l’archétype de ces métropoles à la croissance fulgurante, gonflée par les revenus du pétrole, envahie de bidonvilles. Le 4 février 1961, des groupes partiellement liés au Mouvement Populaire de Libération d’Angola (MPLA) y attaquent des prisons, des postes de police et des baraquements militaires. C’est le début d’une insurrection qui ne prendra fin qu’en 1975, avec l’accession de l’Angola à l’indépendance.
Durant ces années de trouble, les artistes de Luanda n’ont cessé de chanter l’amour qu’ils portent à leur pays et à leur ville, des chants souvent mâtinés d’une énergie communicative, portés par une musique née du croisement des nombreux groupes ethniques (Kimbundu, Kikongo et Umbundu) issus des différentes régions du pays. Lieu de rencontre entre les indigènes, les anciens esclaves et les Européens, l’apport de ces différentes cultures va donner naissance à la semba. Puis l’arrivée du tango, du blues, du jazz et du merengue va fortement influencer les musiciens de la capitale, donnant ainsi naissance à une culture toujours plus métissée.
Mais l’indépendance, loin d’offrir un havre de paix aux musiciens, accouche d’une guerre civile. De nombreux artistes sont emprisonnés, battus voire assassinés. Pour les survivants, ne reste qu’une seule échappatoire : l’émigration. Et c’est donc à Lisbonne qu’ils permettront à la culture angolaise d’exister.