JamaiB
Au cours des années 60, la Jamaïque obtient son indépendance, tant sur le plan politique que musical : elle n’est plus soumise, ni à l’autorité du gouvernement britannique pour décider de sa politique, ni à celle des charts américains pour décider de son dancefloor.
Au tournant des années 70, l’île caribéenne entre dans une nouvelle ère : sa culture va se répandre au-delà des rues poussiéreuses de sa capitale Kingstown pour conquérir l’ancienne puissance coloniale. Puis le monde entier.
Après le ska que certains jugent trop rapides, et le rock-steady que d’autres trouvent trop lent, le reggae met tout le monde d’accord. A mi-chemin entre les 2, courant alternatif par excellence, il apparait très vite comme suffisamment simple pour être assimilé par de nombreux musiciens et danseurs tout en s’appuyant sur une base culturelle étoffée, capable de porter un discours social. Si les chansons d’amour constituaient l’essentiel des chansons produites par ses prédécesseurs, le reggae relate les difficultés quotidiennes rencontrées par une population soufrant d’une situation économique catastrophique et victime de la violence exercée par des gangs armés à la solde de partis politiques. Les rastas, jusqu’ici considérés comme des clochards défoncés à l’herbe du matin jusqu’au soir, descendent même de leurs collines pour réciter des chants religieux dans les studios de Kingstown. Leur culture finira par se confondre avec le reggae.
Parallèlement à celui-ci, la musique jamaïcaine ne cesse d’évoluer. Avec le succès rencontrés par les enregistrements qu’ils produisent, les studios peuvent acquérir du matériel de plus en plus sophistiqué, les conduisant à multiplier les expérimentations sonores. Jusqu’à en faire un genre à part entière, le dub. Sur ces versions instrumentales, des bavards viennent "toaster" les danseurs en posant leurs voix à un rythme soutenu : le personnage du MC devient central dans les sounds-systems et sera bientôt repris par le hip-hop. Puis, l’électronique donne naissance à un autre genre, le reggae digital.
La planète est alors prête pour l’accueillir.