En Europe
Premier épisode d’une série sur l’héritage laissé par Olufela Olusegun Oludotun Ransome, fils de pasteur, fondateur de la République de Kalakuta et président du parti MOP ( Movement of the People ) dans le Nigeria des années 70. Le nom ne vous dit rien ? Peut-être sous une autre forme alors... Fela Kuti, fils d’une activiste des droits des femmes et père de l’afrobeat à qui 1 million de personnes vinrent rendre hommage lors de ses funérailles à Lagos en août 1997, c’est sans doute plus parlant.
En fusionnant du jazz, de la musique d’Afrique occidentale, de la musique traditionnelle nigériane et des rythmes yorubas, Fela est une figure musicale majeure de la seconde partie du XXé siècle. Consacrant toutes ses forces à des combats politiques et musicaux, il ne lui en resta plus guère lorsque le sida vînt croiser sa route. Qu’a cela ne tienne. Sa musique vît toujours, transcendant les frontières et des musiciens du monde entier l’adoptent désormais, débarrassés qu’ils sont de cette figure paternelle si imposante.
Deux de ses 7 enfants biologiques, Seun et Femi, en furent dans un premier temps les représentants naturels, reprenant non seulement les musiciens qui accompagnaient leur père mais aussi ses messages politiques comme le panafricanisme, la lutte contre les dictatures et l’indépendance des pays africains vis à vis de leurs tutelles occidentales. Mais peu à peu, des groupes de tous les horizons se sont formés. Les rythmes de batteries, les cuivres massifs, le groove et la transe de l’afrobeat se sont propagés sur tous les continents. S’il est difficile pour un suisse de dénoncer la dictature de son pays ou pour un japonais de prôner l’union des pays africains, il est beaucoup plus facile pour tout habitant du monde de reprendre les fondamentaux qui définissent les marqueurs musicaux de l’afrobeat :
une rythmique irrésistible, des accords joués en boucle par guitares et claviers, le tout agrémenté de riffs de cuivres puissants et mélodiques.
Cette session se consacre à l’Europe. C’est en effet sur ce territoire que la carrière de Fela hors d’Afrique démarre. D’abord avec le producteur Martin Meissonnier qui lui organisa sa première tournée européenne et lui fit enregistrer l’album I.T.T. dans un studio parisien. Puis avec Francis Kertekian qui devint son manager et republia à sa mort l’ensemble des 46 albums enregistrés par l’artiste et permit ainsi à toute une nouvelle génération de musiciens et DJs de le découvrir. C’est également en France que Tony Allen, le formidable batteur qui a accompagné Fela pendant quatorze ans et tient une place importante dans la création de l’afrobeat, s’est installé.
Saurez-vous reconnaitre les différents pays où ont été enregistrés les morceaux qui composent cette session ? Allez on vous aide en vous donnant le nom des groupes : Fanga, Professor Wouassa, Warsaw Afrobeat Orchestra, Jimi Tenor & Kabu kabu, London Afrobeat Collective, Monkuti.
Alors toi aussi, Fela l’Europe !
Prochaine épisode : les enfants de Fela en Amérique du Sud.