La démocratisation
Toute l’histoire de la synthèse musicale de l’analogique à la modélisation pourrait être résumée au travers des premiers synthétiseurs analogiques légendaires qui ont marqué, de 1970 à 2000, la signature sonore de leur époque.
Le synthétiseur « commercial » va naître en 1964 grâce à un bricoleur de génie, Robert Moog. Cet électronicien de formation fréquente alors des musiciens jouant avec les nouvelles sonorités des machines électroniques mais dont l’utilisation est complexe. Bob Moog décide donc de créer un synthé plus simple d’emploi à partir d’une idée géniale : commander l’oscillateur, le filtre et l’amplificateur par tension. Le succès est immédiat et le Minimoog, fabriqué à partir de 1970 avec son clavier intégré (une nouveauté à l’époque), fixera plusieurs standards de la synthèse analogique soustractive au niveau de son interface de contrôle.
Dans les années 70, tout s’accélère. Les synthétiseurs et boites a rythmes envahissent la scène sans ménagement. La musique dite "commerciale" fait les yeux doux et accepte que des sonorités électroniques habillent ses mélodies. 1977 voit ainsi une production gargantuesque et marque l’envol de l’utilisation de l’électronique dans la fabrication de la musique.
Toute cette période correspond à l’explosion d’un genre musical révolutionnaire, le disco, grand consommateur de ces nouvelles sonorités, et dédié a trouver son apogée sur un nouveau terrain de jeu : le dancefloor. Car le disco est à l’origine une musique de danse, il privilégie donc le rythme et l’orchestration sur le texte et la mélodie : beaucoup de morceaux des premières années sont de simples appels à la danse avec une mélodie réduite à des « accroches » destinées à habiller la rythmique, ponctuée de quelques phrases répétées en boucle évoquant la fête et le monde de la nuit. Cette musique dont la principale destination, répétons le, était le public des discothèques, imposait des contraintes techniques particulières.
C’est donc sur la base de rythmes binaires que la musique électronique va se détacher de ses tâtonnements pas toujours réussis qui ont marqué ses débuts.
Si le disco en est le produit, d’autres genres musicaux y goutent, revenant sur des styles précédents, plus soul ou psyché, ou avant gardiste, annonçant alors discrètement l’arrivée de la synth pop des années 80.