Victor Jara 2
Le 5 décembre 2009 à Santiago, une foule compacte de 3000 personnes entoure une berline grise traversant le centre ville. A l’intérieur du véhicule, le cercueil de Victor Jara, exécutè lors du coup d’état militaire contre Salvador Allende le 11 septembre 1973. Enterré clandestinement quelques jours après sa mort, un hommage officiel lui est rendu 36 ans plus tard, après que sa dépouille fut exhumée pour des examens médico-légaux dans le cadre du procès intenté à ses assassins. 44 impacts de balles sur l’ensemble du corps et des coups de crosses et de bottes sur les mains furent identifiées à cette occasion.
Mer d’œillets et de drapeaux rouges, chansons engagées et airs qui rendirent Victor Jara célèbre à travers toute l’Amérique latine…4 heures ferventes et militantes sont nécessaires au cortège pour traverser la ville et accompagner l’artiste jusqu’au cimetière, clôturant ainsi trois jours d’hommage national décrétés par la présidente de l’époque, Michelle Bachelet. "Victor peut enfin reposer en paix après 36 ans, mais beaucoup d’autres familles aimeraient aussi retrouver la paix et il est important de poursuivre la quête de justice et de vérité", déclare-t-elle.
Après un procès débuté en 2013, ce n’est finalement qu’en 2018 que neuf des bourreaux de Victor Jara seront condamnés pour leurs crimes. Huit d’entre eux ont écopé d’une peine de 18 ans de prison et le dernier d’une peine de 5 ans pour complicité. Pedro Barrientos, l’homme considéré comme leur chef, s’est lui réfugié aux Etats-Unis.
A l’automne 2019, le Chili est à nouveau secoué par de nombreuses manifestations. Les chansons de Victor Jara, devenu un véritable mythe contre la barbarie, résonnent à nouveau dans le ciel chilien avec une symbolique très particulière. Jusqu’à ce que le coronavirus, là comme ailleurs, mette fin au mouvement de protestation. Le 25 octobre 2020, le peuple chilien décidera par référendum s’il souhaite en finir avec la Constitution élaborée par la dictature, en vigueur depuis quarante ans.