Pour une ( grosse ) poignée de notes
Sergio Leone, son copain de classe à l’école primaire des Frères Saint-Jean-Baptiste-de-La-Salle, à Rome, dira de lui « Il n’est pas mon musicien, il est mon scénariste ».
De Pour une poignée de dollars à Il était une fois la révolution, en passant par Le Bon, la Brute et le Truand et Il était une fois dans l’Ouest, impossible en effet de dissocier Ennio Morricone des westerns spaghetti signés par le maestro. Mais impossible également de réduire son œuvre protéiforme à cette collaboration, aussi universellement appréciée soit-elle. Outre les quelques 500 bandes originales produites pour les réalisateurs les plus renommés - Sergio Leone donc mais aussi Bernardo Bertolucci, Marco Bellocchio, John Huston, Pier Paolo Pasolini, Terence Young, Vittorio De Sica, Henri Verneuil, Don Siegel, Dario Argento, Terrence Malick, John Carpenter, Brian De Palma, Roman Polanski, Pedro Almodóvar et tant d’autres - et qui lui valurent les distinctions les plus prestigieuses, l’homme était également compositeur de musique classique et chef-d’orchestre.
Il est donc tout aussi impossible de prétendre résumer en une seule session ni même en plusieurs ces plus de cinquante années de travail acharné. Nous nous contentons ici de nous intéresser à la première décennie de sa filmographie, lors de laquelle sa collaboration avec Sergio Leone le fit découvrir au monde. On y entend déjà son style éclectique fait de mysticisme, sensibilité, poésie, force et lyrisme. Et s’il considérait la musique comme une affaire sérieuse, il ne s’interdit aucune fantaisie. Cloches, sifflements, coups de fouet, voix, bruitages, mais aussi trompettes, flûte et guitares, Morricone utilise tout ce qui est à sa disposition pour fondre sa musique dans le décor et en faire un véritable personnage. Tout aussi Maestro que son copain d’enfance, il est surtout un monstre d’inventivité.