La Planète Six

Big Black Music 8 / 10

Les 10’s V0

Au début des années 2010, cette fois ça y est, les États-Unis plongent pour de bon dans la nostalgie. Comme si paradoxalement la prestation de serment du premier président noir du pays, survenue en 2009, contrariait le caractère revendicatif et contestataire de la musique.

Avec un Barack Obama promettant une assurance maladie pour tous, une réforme du système bancaire, la légalisation du mariage homosexuel, la détente des relations avec Cuba et l’Iran, la mise en place d’une politique favorable à l’environnement, le retrait progressif des troupes américaines d’Irak et l’élimination progressive de toutes les armes nucléaires, que peut-il bien rester à revendiquer ou à contester me direz-vous ?

Alors les poulains de l’écurie Daptones peuvent remporter la mise. Charles Bradley, Lee Fields, Sharon Jones ne s’en privent pas et squattent les ondes avec leur revival soul, emboitant le pas à un Raphael Saadiq dont les albums précédents portaient des titres sans confusion possible ( Instant Vintage, All Hits At The House Of Blues ) tandis qu’en 2011 son Stone Rollin’, disque hommage aux héros Chuck Berry, Bo Diddley, Ray Charles, Little Richard ou encore Sly Stone lui assure une renommée internationale.

Et le rap dans tout ça ? Lui aussi figurez-vous donne dans le "c’était mieux avant".

Prenez le vétéran Ghostface Killah, membre fondateur du groupe Wu-Tang Clan au tout début des années 90 : il signe en 2013 un album concept avec le producteur Adrian Younge en mettant en musique les aventures d’un mafieux dans l’Italie des années...60. Encore mieux : le jeune Joey Bada$$ ( oui, ça s’écrit comme ça) n’a pas encore sorti d’album qu’il publie en 2017 avec son complice ScHoolboy Q le titre Rockabye Baby dont le son rappelle furieusement celui du projet Soul Assassins produit par DJ Muggs...20 ans plus tôt.
Seule concession à la modernité, le "Fuck Donald Trump" lancé dès le premier couplet. Tiens, on redevient contestataire ?